Ces dernières années ont vu la multiplication des recherches menées dans de nombreux
domaines horlogers, portant autant sur l’introduction de nouveaux systèmes de régulation
et d’échappement, que sur les hautes fréquences ou encore sur la conjonction de plusieurs
tourbillons. Mais parmi toutes ces pistes, il en est une bien différente et tout particulièrement
prometteuse: le concept Dual-Wing. Ce concept révolutionnaire, né en 2007 chez
Jaeger-LeCoultre, propose une architecture mécanique duale tout à fait inédite, à tel point
que Jérôme Lambert, CEO de Jaeger-LeCoultre, parle à son propos d’une "révolution et non
d’une simple évolution, qui ajoute un chapitre entier à l’histoire de l’horlogerie".
Mais audelà
des très notables améliorations chronométriques et fonctionnelles et des innovations
exclusives que le système Dual-Wing apporte, il permet aussi de renouveler en profondeur
les complications traditionnelles en leur offrant une nouvelle expression stylistique unique
et immédiatement reconnaissable bien qu’affichant le plus grand classicisme horloger.
En quoi, plus précisément, consiste ce concept Dual-Wing qui ouvre donc de nouvelles avenues
techniques et esthétiques, telles qu’elles s’incarnent dans la collection Duomètre?
Une montre, deux cerveaux
Métaphoriquement, Dual-Wing se résume en quatre mots: “Une montre, deux cerveaux”. En
d’autres termes, deux mécanismes distincts cohabitent à l’intérieur d’un seul et même mouvement.
Ils partagent le même organe réglant mais disposent chacun de leur propre source énergétique.
Principal avantage de cette architecture bicéphale d’un nouveau genre: la consommation
d’énergie requise par la complication ne perturbe plus l’approvisionnement énergique
constant requis pour la précision et l’exactitude de l’organe réglant. Cette cohabitation révolutionnaire
peut emprunter diverses architectures selon les fonctionnalités de la pièce.
Cette conception révolutionnaire a trouvé sa première application dans la montre Duomètre
à Chronographe, sortie en 2007. Dans ce garde-temps inédit, la fonction chronographique
partage une seule et même régulation avec la fonction horaire. Mais par ailleurs, chacune de
ces deux fonctions dispose de sa propre source indépendante d’énergie et de son propre
train de rouage dédié. En conséquence, la marche, tout comme l’enclenchement ou le déclenchement
du chronographe, n’interfèrent plus en rien avec la mesure horaire et n’altèrent
aucunement la chronométrie de l’heure, de la minute et de la seconde. Cette même source
énergétique duale indépendante permet aussi à la complication chronographique d’entraîner
une seconde foudroyante au 1/6e de seconde.
La deuxième application du même concept Dual-Wing, mais interprété tout différemment, se
retrouve dans la montre Duomètre à Quantième Lunaire, sortie en 2009. Cette fois, c’est directement
à l’organe réglant lui-même qu’est dédiée une des deux sources énergétiques indépendantes,
l’autre l’étant à l’affichage des fonctions: heures, minutes, secondes, quantième et
phase de lune pour les deux hémisphères. Leur synchronisation est assurée par le mécanisme
de l’aiguille de la seconde foudroyante qui progresse par sauts d’un sixième de seconde. C’est
donc, soit-dit en passant, la seule montre au monde qui permet d’ajuster l’heure elle-même au
1/6e de seconde et ceci sans devoir suspendre le battement de l’organe réglant.
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Premier tourbillon au monde ajustable à la seconde
Présentée cette année, la nouvelle Duomètre Sphérotourbillon se base quant à elle sur une
nouvelle déclinaison, totalement originale, du concept Dual-Wing. Une déclinaison qui permet
à la Manufacture d’introduire une complication inédite au service de la plus haute précision.
En effet, tout comme dans la montre Duomètre à Quantième Lunaire Calibre Jaeger-
LeCoultre 381, la conception duale du nouveau Calibre Jaeger-LeCoultre 382 offre à l’organe
réglant une réserve d’énergie qui lui est exclusivement dédiée.Dès lors celui-ci continue à fonctionner lors de la mise à l’heure au top horaire de la montre qui s’effectue par retour en vol et redémarrage instantané de sa course.
Mais le fait que ce concept s’applique ici à un régulateur à tourbillon fait de facto de la montre Duomètre Sphérotourbillon la seule montre tourbillon au monde ajustable à la seconde. Ce qui, pour un tourbillon, est la moindre des politesses...
Spectaculaire tourbillon multi-axes
Comme son nom l’indique, la montre Duomètre Sphérotourbillon est en effet régulée par un spectaculaire tourbillon multi-axes. Le premier axe autour duquel tourne le tourbillon est concentrique à sa cage. Le second axe vertical est quant à lui incliné de 20° par rapport à l’axe de la cage. La combinaison de ces deux axes entraîne le tourbillon dans un mouvement comparable à celui d’une toupie qui, tout en tournant sur elle-même dans son axe vertical, accomplit en même temps une rotation inclinée. Cette double rotation ne se fait pas à la même vitesse. La rotation autour du premier axe s’effectue en 15 secondes, la rotation autour du deuxième axe en 30 secondes. Ces deux mouvements se combinent spectaculairement et résultent en une rotation complète en 30 secondes qui, grâce à ce mouvement de toupie, compense les effets de la gravitation dans les différentes positions (contrairement au tourbillon traditionnel qui ne compense qu’en position verticale). Au cœur de ce dispositif tridimensionnel, bat un spiral non plus plat, comme les spiraux traditionnels, mais de forme cylindrique (tel qu’on en trouve dans les chronomètres de marine du XVIIIe siècle).
Au-delà du seul spectacle, aussi impressionnant soit-il, de ce tourbillon volant monté sur roulements à billes, il s’agit bien là d’une avancée importante en termes de précision, qui fait suite à l’avancée déjà obtenue par le précédent Gyrotourbillon, présenté par la Manufacture en 2004.
Réconcilier performance et élégance
Mais cette montre Duomètre Sphérotourbillon ne se “contente” pas d’être à la fois précise et spectaculaire. Après les années de surenchère et d’extravagance qu’a traversées l’horlogerie, elle réconcilie performance extrême et élégance par la grâce de ses codes très classiques, très horlogers, la finesse et la subtilité de sa décoration, son faible encombrement (14,1 mm de hauteur – y compris son verre saphir bombé - pour 42 mm de diamètre), son ergonomie étudiée et son style reconnaissable entre mille.
Ce style si particulier n’a rien d’aléatoire. Au service de la plus grande lisibilité, il est l’expression directe du mouvement dual qui anime la montre et qui se retrouve dans la division du cadran et des affichages en deux zones distinctes.
A 3h, un cadran grené cristallin avec appliques en or indique l’heure et la minute locales (ou “Travel Time”), ainsi que, sur son pourtour, la date par aiguille. La petite seconde avec retour en vol (flyback) est quant à elle indiquée à 6h. A 12h, un cadran 24h affiche un second fuseau horaire de référence (ou “Hometime”). Deux indications de réserve de marche pour les deux barillets (45 heures de réserve de marche chacun) s’affichent discrètement à 1h et à 5h. Voilà pour la zone dédiée aux indications. L’autre zone du cadran est entièrement consacrée au magnifique spectacle cinétique du sphérotourbillon qui règle en majesté la marche régulière de la montre.
Le tout prend place dans un boîtier extrêmement sobre et d’un classicisme intemporel, réalisé en or rose 18 carats ou en platine (version limitée à 75 exemplaires). Son usage est d’une simplicité absolue. Une seule couronne permet de remonter les deux barillets, dans le sens horaire pour les fonctions et dans le sens anti-horaire pour le tourbillon. Tirée d’un cran, elle permet de régler le temps local et la date; de deux crans de régler le temps de référence. A 2h, un poussoir permet le retour en vol de la petite seconde.
- Duomètre Sphérotourbillon by Jaeger-LeCoultre
Une pièce inaugurale
La montre Duomètre Sphérotourbillon est non seulement le dernier jalon de la longue tradition d’invention de la Manufacture Jaeger-LeCoultre, mais aussi la pièce inaugurale d’une nouvelle génération de grandes complications. Le concept Dual-Wing dont elle est la dernière expression démontre que l’on peut envisager la construction de mouvements et de complications d’une façon radicalement différente. Contrairement à ce qu’on entend souvent dire – tout aurait été fait en horlogerie mécanique et on se contenterait d’améliorer le legs du passé – il est désormais parfaitement envisageable de reconsidérer radicalement le fonctionnement du mouvement mécanique pour parvenir à obtenir de nouvelles performances et proposer de nouvelles grandes complications aux performances uniques.
Essentiellement, la ligne des grandes complications Duomètre de Jaeger-LeCoultre cherche à concilier un impact visuel fort et une performance de haut niveau dans un garde-temps par ailleurs d’allure classique, de petit volume et traité selon les codes horlogers les plus rigoureusement traditionnels. Le but recherché est d’offrir aux connaisseurs, une “montre ultime”, en quelque sorte: un garde-temps qui offre des performances uniques en leur genre, mais qui soit éminemment portable.
Un garde-temps immédiatement reconnaissable mais pourtant d’un grand classicisme. Une esthétique directement issue de la technicité mais qui s’exprime en toute lisibilité et avec une pureté horlogère incomparable. Une montre d’une élégance stylistique absolue et qui reste par ailleurs d’une discrétion de bon aloi.
Quels prolongements?
Interrogés sur le devenir de cette collection Duomètre et sur les prolongements éventuels et le futur du concept horloger Dual-Wing, les responsables de Jaeger-LeCoultre se gardent bien évidemment de dévoiler quoi que ce soit de l’avancement de leurs recherches. Mais, nous dit-on, il suffit de considérer les complications et fonctions traditionnelles existantes, grandes ou petites – Quantième Perpétuel, Quantième Annuel, répétition minutes, calendriers, etc... – pour entrevoir l’immense champ des possibles qui s’ouvre alors.
Rendre ces fonctions et complications traditionnelles non seulement plus performantes en termes de précision et de fiabilité mais leur donner un caractère véritablement unique, plus exclusif, différent voire étonnant... tout en leur conférant la noblesse esthétique de la Haute Horlogerie, telle est la voie que la famille Duomètre de Jaeger-LeCoultre entend visiblement tracer dans les années à venir.
Dernier constat, mais d’importance: fidèle à sa politique de prix strictement mesurés et encadrés, Jaeger-LeCoultre propose la Duomètre à Quantième Lunaire aux environs de 28’000.- euros, la Duomètre à Chronographe aux environs de 35’000.- euros et la Duomètre Sphérotourbillon en or rose aux alentours des 200’000.- euros.
Source: Europa Star Première Vol.14, No 4