(Suite de l’article “En marge du SIHH...”) C’est aussi à Baselworld qu’on pourra découvrir une nouveauté vraiment étonnante, de celles qui ouvrent de nouvelles pistes à l’horlogerie, voire inaugurent un nouveau chapitre. Ce sera le fait d’Urwerk qui y travaille déjà depuis trois ans dans le plus grand secret. Pour l’instant, tout ce qu’on peut voir est une espèce de petite boîte d’où s’échappe un faisceau de fils reliant un générateur actionné mécaniquement qui charge un condensateur et qui in fine va générer une lumière très précise: une sorte d’œil de surveillance électronique. L’ensemble, baptisé EMC, pour Electronic Mechanical Control, est en fait un outil optique de contrôle du balancier, sorte de Witschi de poignet, en infiniment plus précis. Car là où l’instrument de contrôle Witschi se base sur le son – le tic-tac – du balancier pour en mesurer la précision, ici le contrôle intégré à la montre, d’une durée de 3 secondes à la demande, se base sur l’optique. On en saura beaucoup plus à Bâle mais d’ores et déjà on voit là l’amorce d’une fusion inédite entre Haute Horlogerie mécanique et électronique haut de gamme (et sans pile, donc).
En fait, ce développement très étonnant est dans le droit fil du fameux “Control Board” développé par Urwerk et qui trouve une nouvelle application dans le modèle le plus récent de la marque, le UR-210. La pièce centrale de ce nouveau spaceship de très haute mécanique est une “cage à saut instantané aiguille minute”. En fait, il s’agit d’une énorme aiguille des minutes en 3D qui vient enserrer le plot des heures et l’accompagne tout au long de son parcours au long du rail des minutes. Arrivée à la 59ème minute, la cage-aiguille retourne à son point de départ en moins d’+/10ème de seconde et vient enserrer le nouveau plot des heures.
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Ce véritable “carénage” de métal taillé dans de l’aluminium, équilibré par un contrepoids de laiton et dont la découpe est d’une précision diabolique (tolérance au micron), est animé par un ressort cylindrique semblable à celui des chronomètres de marine. Mais c’est avec le mécanisme breveté TMC, pour Time Motion Control, que se retrouve l’interactivité entre le porteur de la montre et son mouvement que cherche à développer Urwerk.
La classique indication de réserve de marche est située à 1h et un indicateur d’un nouveau type se trouve à 11h: il s’agit d’une indicateur d’efficience du remontage durant les deux dernières heures. Si l’aiguille tend vers le rouge, cela signifie que le remontage est insuffisant: vous êtes probablement tranquillement assis dans votre fauteuil. Si, au contraire, elle tend vers le vert, cela signifie que le remontage est en cours: vous êtes probablement en pleine activité physique. En retournant la montre, vous pouvez corriger le ratio entre remontage et dépense d’énergie. Un “Control Board” muni d’une molette vous permet de positionner le régulateur de montage sur FULL (le remontage est alors optimisé par une petite turbine couplée à la masse oscillante) ou, au contraire sur REDUCED (une turbine à pales crée alors une résistance par friction d’air qui va ralentir la masse). En mode STOP, le remontage automatique est désactivé et la montre est à remontage manuel. D’une complexité étonnante – mais d’une grande simplicité d’usage et de lecture -, d’une finition exceptionnelle, cette UR-210, dont toutes les pièces visibles ont été faites en interne, témoigne de la montée en puissance de la marque de Martin Frei et Félix Baumgartner.
En marge du SIHH: stations orbitales et satellites
Source: Europa Star Première Vol.15, No 1