Bruno Grande, est fier de ce qu’il présente. Depuis que JeanRichard est passé sous le contrôle du groupe Kering, (ex PPR qui détient notamment Gucci et le Sowind Group, soit la marque Girard-Perregaux, sa manufacture et la marque JeanRichard), dont Michele Sofisti est le gourou horloger, il a, en tant que COO de JeanRichard, supervisé la refonte radicale de la marque, en revenant d’une certaine façon aux sources mêmes, à l’esprit de Daniel Jeanrichard.
- Bruno Grande
Mais qui est Daniel Jeanrichard? Pour faire simple et direct, Daniel Jeanrichard, né en 1665 à La Sagne et mort en 1741 à Le Locle (dans le canton de Neuchâtel), est celui qui a posé la première brique de la “fabrique” qui lança l’industrialisation horlogère suisse. C’est lui le premier à avoir compris tout l’intérêt qu’il y avait à rationaliser l’ordonnancement des multiples métiers qui concourent à la réalisation d’une montre. Et en les rassemblant en un seul lieu, a créé ainsi l’embryon de la première “manufacture”, cette “réunion” en un lieu unique de toutes les “mains” qui contribuent ensemble à la production de l’objet. A cette première brique, tant d’autres se sont ajoutées, qui ont peu à peu construit le vaste édifice horloger suisse.
Mais revenir aux sources de la marque, c’est aussi revenir à l’idée de départ qui avait présidé à la renaissance du nom JeanRichard, alors sous les auspices de Gino Macaluso et de ses fils : des montres au rapport qualité/prix indiscutable, fortes de leur héritage mais destinées en priorité à une clientèle plutôt jeune, cultivée, urbaine, sensible au design, à l’architecture, à l’art mécanique. Ce positionnement s’était quelque peu brouillé au fil des années et d’une montée en gamme progressive qui avait dilué son image. Comme l’expliquait à Europa Star Michele Sofisti l’année dernière, lors du relancement à BaselWorld: “Le positionnement prix était devenu élevé, entre 7’000.- et 10’000.- CHF pour une montre manufacture. C’était donc difficile de parvenir aux volumes nécessaires pour construire sur le long terme”.
Avec l’arrivée aux commandes de Michele Sofisti et de Bruno Grande, c’est toute cette stratégie qui a été radicalement revue, de façon à renouer avec une clientèle que Bruno Grande qualifie “d’assez éduquée, cherchant le juste prix pour une montre suisse de grande qualité au design marquant”. “Nous ne prétendons pas avoir révolutionné l’horlogerie, ajoute-t-il aussitôt, mais le produit, tel que nous l’avons imaginé, est innovateur, surtout dans le principe de construction de sa boîte, fortement identitaire, très reconnaissable, très contemporain et d’un rapport qualité/prix absolument imbattable.”
Une incroyable versatilité
En collaboration avec le célèbre designer horloger Mijat (à qui l’on doit notamment la Big Bang de Hublot), JeanRichard a développé un “châssis de base” qui est identique pour les 4 lignes de produits différents qui constituent désormais la collection.
Essentiellement, ce “châssis”, ou plus exactement ce boîtier est constitué d’un container qui renferme le mouvement, d’une carrure centrale, de deux brancards et d’un fond vissé. Un boîtier complexe, qui nécessite environ 70 opérations depuis son étampage jusqu’à son assemblage final, mais qui offre une infinité de possibilités d’accords entre matières, types de terminaisons, polissages et finitions. Il en résulte un produit d’une versatilité très étonnante. Selon la combinaison de matières et de traitements retenue, la même montre peut se révéler très musclée et sportive ou mondaine et élégante. Sa forme elle-même, faite d’un mélange très harmonieux entre une forme coussin légèrement renflée, et une lunette ronde lui confère une remarquable identité.
Quatre collections
Ces différentes facettes d’un même boîtier sont exploitées à travers quatre collections: Terrascope, robuste, sportive; Aquascope, qui comme son nom l’indique est dédiée à l’élément aquatique; Aéroscope, à l’apparence toute technique et enfin 1681, urbaine, élégante, classique et dotée d’un mouvement manufacture. Le petit “miracle” est que, sous cet ADN commun à toutes les montres JeanRichard, chaque produit possède son propre fort caractère mais que le tout, mis côte à côte, produit une image de marque d’une très grande cohérence.
“Cette cohérence était aussi un de nos objectifs majeurs, explique Bruno Grande, car elle permet d’accroître notre notoriété, d’améliorer notre visibilité, d’augmenter le taux global de reconnaissance de la marque tout en nous permettant de positionner très précisément et très subtilement chacune des quelques 50 références que l’on trouve à travers les 4 lignes. Au-delà de cet aspect essentiel, cette base entièrement modulable nous offre aussi une grande flexibilité industrielle. Grâce à cette flexibilité, nous pouvons sans cesse ajuster notre offre aux demandes les plus précises du marché tout en contenant strictement les prix.”
Rationalisation industrielle
Industriellement parlant, ce système de boîtier modulable permet en effet d’apporter à un moindre coût un soin très élevé au niveau des finitions. Très concrètement, les différentes pièces peuvent, par exemple, être “facilement” polies de différentes façons, pour créer des jeux de lumière et de matière très raffinés, ce qui serait impossible si la même forme était d’un seul tenant. Cette approche de la production permet ainsi à JeanRichard d’offrir des montres dont le prix semble être en-dessous de la qualité offerte, tant au niveau de la boîte mais tout aussi bien au niveau des cadrans, très minutieusement travaillés ou encore du confort au porter remarquable de cette montre qui fait pourtant 44 mm mais qui, grâce à ses petites cornes, s’adapte sans aucun problème aux poignets les plus fins (tous les bracelets de la collection sont interchangeables!).
Grâce à cette rationalisation, le cœur de la collection se maintient ainsi entre 2’500.- et 4’000.- A seul titre d’exemple, un modèle Aeroscope chronographe automatique mouvement Dubois-Dépraz, en titane grade 5 poli, est proposé à 4’200.- CHF! Une véritable performance à ce niveau de qualité et de fonctionnalité.
- New Aquascope timepiece by JeanRichard, to celebrate 150 years of Swiss-Japanese diplomatic relations
- This new timepiece was conceived to celebrate the 150 years of Swiss-Japanese relations in 2014. Its special dial design is derived from a well-known Japanese woodblock print by renowned artist Katsushika Hokusai (1760 – 1849). “The Great Wave off Kanagawa” is amongst his best known works from “The Thirty-Six Views of Mount Fuji”. Polished and vertically satin-finished stainless steel 44.00 mm case. Circular satin-finished stainless steel unidirectional rotating bezel. Antireflective sapphire crystal. Case-back, screwed-down, engraved. Screwed-down crown. Water-resistant to 300 m. Movement JR60, self-winding. Frequency: 28,800 vibrations/hour (4 Hz). Power reserve: minimum 38 hours. White, grey, blue or black “Hokusai” style engraved dial. Applied rhodium-coated indexes and hands with luminescent material. Blue or black rubber strap or stainless steel bracelet. Stainless steel folding or butterfly buckle.
Tout repenser
“L’appui du groupe Kering été fondamental dans cette réflexion et dans ce développement, insiste Bruno Grande. L’intégralité des différents aspects d’une marque a été entièrement retravaillée, bien au-delà des seuls produits. Le territoire de la marque a été redéfini, sa communication entièrement repensée, tout comme sa présence physique chez le détaillant, ses corners, son matériel de présentation, ses écrins. Pour chaque ligne, un ambassadeur a été nommé, le”Marin de l’Année 2012“, Frank Cammas pour l’Aquascope; le capitaine d’aviation Chesley”Sully“Sullenberger, célèbre pour avoir réussi à poser son Airbus A320 en perdition sur la rivière Hudson, en 2009, pour la collection Aeroscope, ou encore le célèbre photographe animalier anglais Nick Brandt pour la collection Terrascope. Tout récemment un accord a été signé avec l’équipe de 1ère ligue de football Arsenal.”
- “208 Seconds” Aeroscope by JeanRichard
- 208 seconds made Captain Chesley “Sully” Sullenberger a hero, when on January 15, 2009, he “landed” his Airbus A320 on the Hudson river, saving 155 people. “In situations such as those on January 15, 2009, one can only rely upon your training, preparedness and the knowledge that you are serving a cause greater than yourself,” said Captain Sullenberger. “The “208 Seconds” Aeroscope I was able to design with JeanRichard also symbolizes the values of personal responsibility and I am grateful for their support of my philanthropic work.” Available on a black Barenia® calfskin strap, the JeanRichard “208 Seconds” Aeroscope, with its polished and vertically satin-finished titanium cushion-shaped case, is a re-interpretation of the old aviators’ watches. The 208 seconds are represented by a subtle marked white and red timeline on the timepiece’s black dial. Movement JR66, self-winding. Limited and numbered edition: 208 pieces.
Quant au redéploiement commercial en cours de la marque, Kering y a aussi joué un rôle essentiel de facilitateur. En une année, 150 points de vente ont été ouverts, notamment aux USA – “un marché qui se développe très bien”, dixit Bruno Grande, comme l’Angleterre, ou encore le Mexique, avec 25 points de vente, ou Hong Kong, avec 14 points de vente. “Nous sentons que, grâce à ce renouveau radical, le potentiel de la marque s’est accru dans de très importantes proportions, tient à ajouter Bruno Grande. Mais nous devons poursuivre et accroître cet effort, nous faire connaître et comprendre par les détaillants. JeanRichard n’est plus”la petite sœur de Girard-Perregaux“. C’est désormais une marque autonome.”
Reste que cette autonomie s’appuie sur une mise en commun à l’intérieur de Sowind, qui regroupe les deux marques, de certaines ressources, comme les services généraux, les ressources humaines, l’informatique, la comptabilité ou encore la manufacture.
La manufacture Sowind se charge ainsi de l’assemblage, des contrôles de qualité, de la fabrication d’une partie des boîtiers or mais pour le reste des fournitures (cadrans, aiguilles, boîtiers), JeanRichard collabore avec différents sous-traitants de l’arc jurassien.
C’est aussi avec la manufacture Sowind que JeanRichard a développé depuis 2004 un mouvement intégralement manufacture, le calibre JR 1000. Ayant démontré sa fiabilité, ce mouvement 3 aiguilles date, avec petite seconde, équipe exclusivement la collection classique 1681. Le niveau de prix d’un mouvement manufacture étant obligatoirement plus élevé, il est réservé à des pièces plus dispendieuses, mais néanmoins tout à fait raisonnables, comme cette montre 1681 en or rose vendue 18’400.- CHF.
Source: Europa Star February - March 2014 Magazine Issue