A l’occasion des dix ans de la V4, seule montre au monde à fonctionner avec des courroies, TAG Heuer frappe un grand coup en présentant la V4 Tourbillon. Soit l’alliance entre la reine des complications manufacture et l’avant-garde technologique. Faire fonctionner un tourbillon avec des courroies? L’idée semble folle et les responsables du développement chez TAG Heuer ne cachaient pas leur perplexité. Mais, avec le Mikrotourbillon de 2012, puis, l’année dernière, le Double tourbillon Mikropendulum, ils avaient déjà largement défriché le territoire des tourbillons techniques.
- V4 Tourbillon de TAG Heuer
Cage dentée
Un tourbillon traditionnel est entraîné par une roue qui se situe en-dessous de la cage. Ici, la grande nouveauté est que le tourbillon est entraîné directement par la cage. En clair, c’est une courroie qui relie la cage elle-même à la roue de seconde.
Au dos de la montre, rien ne différencie une V4 “normale” d’une V4 Tourbillon: on peut voir les mêmes 4 barillets reliés entre eux par paire par une courroie et séparés par une masse linéaire centrale. Mais c’est à l’avant de la montre que tout change.
La cage du tourbillon, située à 9h et dont les bords sont pourvus de dents, est directement engrenée par courroie à la roue de seconde, placée à 6h. Roue de seconde et cage tournent donc à la même vitesse. L’axe de la roue de seconde est relié par courroie à l’avant-dernière roue, placée à 3h, où aboutit la chaîne horlogère. Le tout est maintenu par un pont en forme de V en acier renforcé par un revêtement NAC.
L’intérêt horloger de cette étonnante configuration?
Avantages (à confirmer)
Même si les résultats, à l’heure où nous écrivons, doivent être “encore confirmés par les essais laboratoire”, les avantages théoriques de ce système sont importants.
Premier d’entre eux, la résistance aux chocs. Quand deux roues de métal sont en contact direct, elles ne parviennent pas à dégrader l’énergie provoquée par un choc qui se diffuse dès lors dans tout le mouvement. Une courroie quant à elle, de par sa souplesse, va au contraire pouvoir absorber une grande quantité de cette énergie. La V4 peut donc être qualifiée de “montre de Haute Horlogerie la plus robuste”. Dans le cas de la V4 Tourbillon, l’éventuel choc ne pourra pas se propager au niveau du tourbillon, entraîné qu’il est par une courroie (la montre est d’ailleurs garantie 4 ans).
Second avantage: une probable augmentation de la précision de marche. En effet, dans un tourbillon “normal”, avec balancier-spiral, celui-ci oscille alternativement de gauche à droite et de droite à gauche, tandis que la cage elle-même tourne dans un seul sens. Il en résulte ce que l’on nomme un effet de “rebat”, les oscillations du balancier-spiral venant apporter de micro-perturbations à la course continue de la cage. Avec le système de courroie engrenant directement sur la cage dentée, on supprime tout rebattement, on nivelle du coup les erreurs et on améliore donc la précision.
La V4 Tourbillon n’est pas seulement une pièce de curiosité mais répond également à la stratégie commerciale de TAG Heuer dans le domaine de la Haute horlogerie technique. En cours d’industrialisation, les premiers 50 exemplaires de cette pièce en titane (vendue aux alentours de 150’000.- CHF) seront produits et livrés entre juin et août 2014.
A lire l’interview de Stéphane Linder le nouveau CEO de Tag Heuer
Source: Europa Star April - May 2014 Magazine Issue